La nuit noire était tombée.
Dans cette sinistre demeure, la pénombre règne jour et nuit si bien que les heures se mélangent, que les minutes s’entremêlent, que les secondes se confondent et que le temps s’allonge. Prisonnier dans cette demeure chaque jour, il est normal que le désir d’une balade nocturne se fasse ressentir tout au fond de son être. Ses repas lui sont livrés à domicile pourtant, la soif d’action ne le quitte jamais et c’est elle-même qui le poussa à quitter sa demeure.
On ne le voit dans les rues qu’à de rares occasions, avec le temps, il n’a plus besoin de chasser, il s’arrange pour que d’autres lui apporte son repas mais cette situation le plonge dans un ennui féroce, un ennui tel qu’il a besoin de partir à la chasse.
Darian marchait d’un pas calme mais non moins déterminé, d’apparence extérieur, il avait l’air d’un homme tout à fait normal, d’un homme respectable incapable de faire du mal à qui que ce soit. Pourtant, derrière cette façade, la réalité était tout autre. Personne dans cette ville n’aurait pu se méfier de lui, les gens le connaissent et le prenne pour un simple citoyen ; ses nombreuses années entant que vampire lui ont appris à se rendre invisible aux yeux des autres. Il s’est sagement appliqué à mettre la police dans sa poche ainsi que de nombreuses autres personnes influentes. Ces personnes quelque peu naïves, le prenait pour un noble citoyen qu’on ne voit jamais le jour à cause de ses nombreux déplacements pour affaire et qui a donner une somme d’argent considérable pour rénover les bâtiments publics ; pour un homme tout à fait normal en somme. Toutes ces personnes auraient pourtant été curieuses d’apprendre que derrière cette apparence charmante se cache un monstre sanguinaire guidé à travers la nuit par la pulsion des battements du cœur d’une pauvre victime. Le cœur bat grâce au sang qui lui est apporté et ce sang dégage un délicieux parfum, quand au cœur, ses battements sont réellement fascinant. Pour Darian, entendre le cœur battre était quelque chose de naturel à condition que la personne ne soit pas au-delà de cent mètres à la ronde et de même, son odorat était suffisamment développé pour qu’il puisse flairer sa victime. Marchant dans les rues, il se laissa guider par le son d’un cœur battant la chamade. Il sentait l’odeur du sang chaud, bouillonnant presque ; il accéléra le pas de manière à atteindre plus rapidement sa proie. Il n’eu pas de mal à la repérer, elle marchait devant, à quelques mètres de lui et avait l’air d’avoir du mal à ne pas tomber à la renverse. Le problème lorsqu’on chasse à cette heure, c’est que les seules personnes suffisamment folles pour se promener sont celles qui ont trop bu et dont le sang est chaud. Le sang frais est plus difficile à trouver, pour en avoir il faut chasser plus tôt et donc redoubler de vigilance pour ne pas s’attirer d’ennuis ni se faire remarquer. Darian souriant, la perspective d’un bon dîner l’enchantait, ses yeux étaient injectés de sang, il avait faim. Ses pas étaient silencieux, il arriva au niveau de la jeune fille et l’attrapa par derrière. Il avait envie de s’amuser. Ses doigts divaguèrent sur cette peau brulante et tremblante. Sa victime ne comprenait pas ce qui était entrain de lui arriver. Il lui griffa lentement le contour du cou pour laisser plusieurs gouttes de sang chaud tomber. Il tenait la jeune fille tout prêt de lui et l’accélération de son pou ne lui avait échappé. Son odeur l’attirait. Son côté bestial ressortait. Torturer puis tuer. La jeune fille le supplia d’arrêter, de la laisser partir, jurant qu’elle ne dirait rien à personne. Ce funeste spectacle l’amusait drôlement, cette jeune fille était comme un souris prise au piège dans les griffes d’un chat. Quand la torture finit par être trop grande, elle le supplia de l’achever. Cette partie était son moment préféré, sa bonne action. Tout comme Dieu, il exaucerait un vœu, celui d’aider cette jeune fille à mourir. Il se pencha vers son cou déjà abimé par des marques de griffures, huma une dernière fois cette bonne odeur et planta ses crocs d’un coup. Le corps qu’il tenait s’agita avant de défaillir à bout de forces. Il vida le sang de ce corps à présent dépourvu de vie. Il n’éprouvait rien si ce n’est une soif et une envie de tout avaler. Il n’éprouvait aucun remord, aucune pitié, aucune compassion ; il lâcha le corps quand il eu finit et le contempla un moment. Il s’étalait le long du trottoir, inerte. A présent, sa soif était assouvie. Et comme si jamais rien ne s’était passé, il poursuivit sa marche calmement, tel un zombi errant. Il est en quelque sorte le fantôme de la nuit. Ceux qui le voit sont ceux de son espèce ou d’autres créatures, et si un humain croise son chemin, il se transforme en exécuté dont il est le bourreau.
Tout en marchant, il sentit un présence, une présence humaine. Il pouvait sentir l’odeur du sang de la personne, contrairement au précédent, se sang était frais, pur. Cette personne n’était donc pas là par hasard. Malgré ses efforts, il arrivait à percevoir le son de ses pas derrière lui. Il sentait cet inconnu s’approcher de plus en plus jusqu’à marcher juste derrière lui. Il ressentit une violente envie de se retourner pour arracher le cœur de celui ou celle qui était assez fou pour le suivre. Un cœur frais, tout chaud, baigné dans un sang pur, voila une pensée qui l’égayait. Pourtant, il n’en fit rien. Il avait envie de s’amuser un peu, ça faisait si longtemps qu’il n’avait pas joué avec la vie de quelqu’un. Il s’arrêta brusquement. La personne s’arrêta également.

Darian : - Vous marchez sur mes pas, reflétez sur le sol l’ombre que je ne peux reflétez, vous êtes tel une luciole tournant autour de la lumière ; mais attention, la luciole finit toujours par se bruler les ailes.

Il se tu. Le silence tomba. La personne était toujours derrière lui, il pouvait sentir sa respiration. Il ne voulait pas se retourner, comme si voir le visage de cette personne enlèverait l’excitation produite par le mystère. Homme de sang-froid, Darian réfléchit un instant à l’identité d’une telle personne. Il fallait être ou fou ou suicidaire pour oser suivre un vampire en pleine nuit. Cependant, il aimait à croire que cette personne était tout bonnement courageuse.

Darian : - Faisons quelques pas ensemble si vous voulez bien.

Son ton était neutre et froid. Il reprit sa marche et la personne derrière lui suivit ses pas. Cette balade incongrue s’annonçait follement passionnante …